Renforcement des moyens de lutte contre la prolifération du campagnol terrestre

M. André Chassaigne interroge M. le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire sur l’indispensable renforcement des moyens de lutte contre la prolifération du campagnol terrestre et des mesures de soutien aux exploitants agricoles gravement touchés par les énormes dégâts provoqués.
Chaque année, des milliers d’hectares de prairies sont dévastés par les rats taupiers (campagnol terrestre), faisant chuter brutalement la quantité et la qualité du fourrage produit ou récolté menaçant directement et à court terme la viabilité de nombreuses exploitations du Massif central. Ces rongeurs, dont la durée de gestation est de 21 jours et qui présentent un cycle de croissance pluriannuelle difficile à endiguer, creusent des galeries, rongent les racines des prairies et laissent sur leur passage de petites mottes, réduisant drastiquement la quantité d’herbe disponible pour le bétail. En outre, par leur densité jusqu’à 1 000 individus à l’hectare et le volume des excréments qui se mélangent à l’herbe ou au foin, ils peuvent transmettre des parasites ou maladies graves comme la listériose ou la leptospirose. Ils peuvent alors perturber et intoxiquer le bétail, contaminer les réserves d’eau du cheptel, voire du réseau d’eau potable, le fourrage récolté et même le lait quand celui-ci est utilisé pour la fabrication de fromages au lait cru.
Cette pullulation s’explique en partie par le réchauffement climatique qui réduit la durée et l’intensité des périodes de gel et déclenche la reproduction du nuisible plus tôt dans la saison. Elle s’explique aussi par une population insuffisante de prédateurs naturels, comme le renard ou les rapaces, et par des techniques de lutte actuellement insuffisantes.
Des exploitants tentent de limiter la pullulation, surtout en période de « basse intensité », par le gazage préventif des taupes, des pièges et des appâts empoisonnés, mais avec des effets très négatifs sur les prédateurs et malheureusement sans résultats significatifs, malgré l’importance des dépenses engagées.
Outre de nouvelles mesures obligatoires impliquant tous les acteurs concernés, il est indispensable de renforcer la recherche publique pour aboutir dès que possible à de nouveaux moyens de lutte. Ceux-ci pourraient être de nature chimique, s’ils n’impactent pas les prédateurs, ou biologique, comme l’utilisation de phéromones ou de vaccins contraceptifs.
En attendant la mise au point de ces nouveaux moyens de lutte, qui prendra sans doute du temps, l’État doit soutenir les exploitations touchées par ce fléau, souvent au bord de la faillite, en finançant l’achat ou l’utilisation en début de saison des moyens de lutte aujourd’hui disponibles et par l’indemnisation des pertes de récolte.
Enfin, quelles suites ont été données au rapport Humbert-Pouzoulet publié, en octobre 2015, ayant mission d’appui auprès du préfet d’Auvergne dans la maîtrise du campagnol terrestre ?
Il lui demande un renforcement des mesures de soutien aux exploitations touchées par le campagnol terrestre, une mobilisation des services et des outils de lutte déjà disponibles, ainsi qu’un état des lieux de la recherche scientifique et souhaite connaître les perspectives à ce sujet.

Question N° 7739 de M. André Chassaigne publiée au JO le : 09/05/2023 page : 4085

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